Depuis le début de l'année, une épidémie d'herpèsvirose de type 1 (HVE1 – rhinopneumonie) se développe en Europe avec plusieurs cas en France et en Haute-Savoie.

Mis à jour le 15/03/2021

10 chevaux sont morts sur le site de compétition de Valencia en Espagne, foyer de la maladie. En France, on dénombre une quinzaine de foyers confirmés dans des écuries de chevaux rentrant de Valence, dans les départements du Calvados, Charente-Maritime, Corrèze, Gironde, Haute-Savoie, Hérault, Indre et Loire, Manche, Mayenne, Rhône, Seine-et-Marne, d’autres sont en cours d’investigation dans d’autres départements (symptômes respiratoires, ou uniquement de l’hyperthermie; quelques animaux ont développé des signes neurologiques, mais aucun mort n’a été signalé sur le territoire).

Mesures sanitaires de prévention

Les rassemblements de chevaux (courses, concours, ventes, foires, etc.) sont des lieux propices à la circulation des maladies contagieuses quelle que soit la situation épidémiologique en cours. Les risques sont d’autant plus importants lors de la circulation avérée de la maladie (alertes du RESPEréseau d'épidémio-surveillance en pathologie équine sur des chevaux confirmés positifs en laboratoire, chevaux malades, etc.). Des mesures sanitaires de base sont alors à adopter :

  • Les compétitions équestres nationales et internationales et autres rassemblements sous l’égide de la FFEfédération française d'équitation et la SHFsociété hippique française ainsi que les concours organisés par la SFETsociété française des équidés de travail sont suspendus jusqu'au 28 mars 2021.
  • Les courses trot et galop sont maintenues à ce stade (population d’équidés vaccinés (obligation depuis 2018), pas de lien avec l'Espagne).
  • Saison de monte : des mesures de précaution doivent être appliquées :la cellule de crise conseille vivement de suspendre l'accueil des chevaux de sport jusqu’à début avril.
  • Foires, ventes et autres rassemblements commerciaux de chevaux : la cellule de crise incite à leur report (et si maintien : respect le plus strict des mesures de prévention et mise en place d’un protocole sanitaire des plus rigoureux).
  • Randonnées et chasses à courre : point d’extrême vigilance, la cellule de crise recommande de les suspendre jusqu’à nouvel ordre.

L’HVE n’est pas une maladie réglementée, les services de l’État et notamment la DDPP ou la préfecture ne peuvent pas imposer de mesure de gestion particulière. Il en va donc de la responsabilité de chacun d’évaluer les risques pour son ou ses chevaux.

Article L.228-3 du code rural : "Le fait de faire naître ou de contribuer volontairement à répandre une épizootie chez les vertébrés domestiques […] est puni d’un emprisonnement de  ans et d’une amende de 75 000 €. La tentative est punie comme le délit consommé. Le fait, par inobservation des règlements, de faire naître ou de contribuer à répandre involontairement une épizootie dans une espèce appartenant à l’un des groupes définis à l’alinéa précédent est puni d’une amende de 15 000 € et d’un emprisonnement de 2 ans."

Mesures de prévention générales

Sur le terrain, 2 catégories de chevaux constituent un risque épidémiologique :

Chevaux des foyers confirmés

Des équidés, vaccinés ou non, malades, présentant toux, jetage et fièvre. Ces animaux sont porteurs d’une grande quantité de virus et le diffusent largement par les sécrétions respiratoires (gouttelettes projetées lors de la toux, jetage).
Ils restent excréteurs du virus pendant environ 3 semaines, ils doivent donc rester isolés pendant cette période.

Chevaux vaccinés ayant été en contact avec le virus mais qui ne présentent aucun symptôme

Ils peuvent être porteurs du virus "au bout du nez". Les quantités émises sont réduites et les animaux sont contagieux sur une période plus courte. Cependant, ces animaux cliniquement sains peuvent être un vecteur important de la maladie par contact direct lors d’épizootie telle que celle d’aujourd’hui. Des mesures de précaution doivent également leur être appliquées.

Le matériel de manière générale (soins, travail, alimentation, abreuvement…), les véhicules de transport et le personnel (mains, vêtements,…) peuvent aussi transporter de façon indirecte le virus et contribuer de façon non négligeable à la propagation de la maladie.

Pour les foyers confirmés

  • Isoler les animaux positifs
  • Arrêter les mouvements de chevaux dans et hors de la structure
  • Suivre la température de ces animaux pendant au moins 1 semaine (période d’incubation)
  • Désinfecter le matériel ou utiliser du matériel à usage unique ; mettre en place des pédiluves devant les zones infectées ; les désinfectants virucides usuels sont actifs contre le virus
  • Désinfecter les locaux et effectuer un vide sanitaire avant toute réintroduction d’animal dans un local « infecté »
  • Désinfecter les vans et camions de transport, avant et après chaque déplacement
  • Limiter le contact des chevaux infectés uniquement au personnel responsable des soins
  • Mettre en place un circuit de soins (débuter les soins par les lots d’animaux sains pour terminer par les chevaux suspects et atteints)
  • Utiliser du matériel différent pour chaque lot d’animaux
  • Réaliser les soins entre les différents lots par des personnels différents ou à défaut en suivant le circuit de soins, changer de tenue entre les différents lots si personnel unique
  • Des prélèvements réguliers peuvent être mis en place pour suivre l’excrétion du virus (et donc la contagiosité) au sein d’un effectif

Ces mesures de prévention doivent continuer d’être appliquées a minima 21 jours après constat du dernier symptôme de rhinopneumonie.

En cas de suspicion, constat de symptômes respiratoires et/ou de contact possible lors de rassemblement ayant accueilli des équidés en provenance des foyers concernés :

  • Isoler, autant que faire se peut, les chevaux suspects
  • Limiter des mouvements de chevaux dans et hors de la structure
  • Isoler pour quarantaine les chevaux en provenance des sites infectés ou suspects
  • Suivre la température de ces animaux pendant au moins 1 semaine (période d’incubation)
  • Contacter votre vétérinaire pour qu’il examine les chevaux suspects, en particulier ceux présentant de l’hyperthermie, du jetage, des œdèmes des membres et procède à des prélèvements (écouvillon naso-pharyngé) si nécessaire, pour recherche du virus

Mesure de prévention spécifique : la vaccination 

La vaccination  est un des piliers de la prévention contre les maladies contagieuses. Elle permet de protéger de manière individuelle l’équidé vacciné en réduisant le risque d’infection et/ou en réduisant la sévérité et la durée des signes cliniques.  La vaccination permet également de réduire l’excrétion de l’agent pathogène par l’équidé malade,  limitant la transmission de la maladie aux autres équidés.

C’est aussi une protection collective : plus le nombre d’équidés vaccinés contre une maladie est important, moins il y a de diffusion de l’agent pathogène et, de fait, plus le risque d’épidémie est faible.

En cas de forte circulation de virus ou lors d’épizootie, il peut être recommandé pour des effectifs sains et des animaux en bonne santé, de vacciner ceux qui ne le sont pas et pour ceux déjà vaccinés, de renouveler les rappels si ces derniers datent de plus de 6 mois.

Si la vaccination est fortement recommandée, elle ne se substitue pas aux autres mesures de précaution ; par ailleurs la protection conférée par le vaccin met plusieurs semaines à s’installer, et doit être entretenue par des rappels réguliers.

Pour en savoir plus

  • évolution de l'épidémie et recommandations sanitaires sur respe.net, réseau d'épidémio-surveillance en pathologie équine
  • www.ifce.fr