La brucellose, une maladie grave pour l'homme et les élevages

Mis à jour le 15/03/2023
bouquetin
La brucellose est une maladie bactérienne causée par diverses espèces de Brucella, qui infectent principalement les bovins, les porcs, les chèvres, les moutons et les chiens. En Haute-Savoie, la brucellose a touché en priorité la population sauvage des bouquetins, arrivant il y a quelques années d’Italie.

C’est une des zoonoses les plus répandues transmises par les animaux, cette maladie a de graves conséquences pour la santé publique.  

En général, les humains contractent la maladie par contact direct avec des animaux infectés, en consommant des produits d'origine animale contaminés ou en inhalant des agents transitant par l'ingestion de lait ou de fromage de brebis ou de chèvre non pasteurisé.

La maladie est également considérée comme un risque professionnel pour les personnes qui travaillent dans le secteur de l'élevage. En effet, celles-ci sont en contact direct avec les animaux et encourent un risque accru de contracter la maladie.

Cette méthode de transmission touche principalement les agriculteurs, les bouchers, les chasseurs, les vétérinaires et le personnel de laboratoire. Les cas de transmission interhumaine sont très rares.

Modalités de gestion du foyer de brucellose bovine du massif du Bargy

Afin d’éviter toute autre contamination humaine, de protéger les cheptels voisins et de conserver la qualification officiellement indemne de brucellose bovine de la France, d’importantes mesures de police sanitaire ont été ordonnées par les services de l’État en Haute-Savoie dès la découverte de ce foyer, contribuant à assurer la maîtrise de celui-ci: abattage total et désinfection du foyer, destruction de fromages au lait cru, abattages diagnostics d’animaux, mise sous surveillance et blocage des productions des élevages contacts, dépistages exhaustifs de tous les animaux pâturant sur le massif concerné par la maladie depuis l’automne 2012.

Les évènements qui ont eu un écho médiatique dans le département ont eu trait à l’abattage d’animaux dans le cadre de lutte contre la Brucellose :

  • en 2012, 300 bouquetin sont abattus dans le massif du Bargy suite à la découverte de la bactérie.
  • en janvier 2022, un troupeau de 220 bovins est abattu suite à la contamination d’un animal.

Les bouquetins du massif, identifiés comme réservoir de la maladie

L’office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) mandaté par l’État a mis en œuvre un programme important de surveillance sanitaire de la brucellose sur les ongulés sauvages des massifs du Bargy, de Sous Dine et des Aravis (chamois, cerfs, chevreuils, bouquetins), dans le but de rechercher tout lien éventuel avec le foyer de brucellose sur le cheptel bovin du Grand-Bornand.

Ce programme de surveillance scientifique de grande ampleur (255 analyses sérologiques sur les bouquetins capturés par télé-anesthésie, 490 sur les autres ongulés sauvages tués à la chasse, mise en œuvre et étude du suivi spatio-temporel et de la dynamique de la population grâce, entre autres, à la pose de colliers émetteurs VHF et GPS) a permis d’identifier la présence de la maladie de façon importante sur les populations de bouquetins du massif du Bargy, avec une prévalence de la maladie de 38% en 2013 et de près de 45% en 2014 et sur le plan biologique, un fonctionnement dégradé (population déstructurée).

Cette étude est considérée par les scientifiques comme suffisamment fiable et fine pour qualifier le taux sur les animaux du massif du Bargy de très élevé, expliquer le mécanisme de diffusion de la maladie au sein de cette population et conclure que la probabilité d’exposition augmente au cours de la vie, notamment via une transmission vénérienne chez les individus aptes à la reproduction. Par ailleurs, les études menées par l’ONCFS grâce à des relevés pédestres répétés et le suivi d’animaux équipés de colliers VHF et GPS ont montré de manière tout aussi fiable que la population de bouquetins du massif du Bargy présentait un fonctionnement démographique très dégradé, particulièrement depuis 5 à 6 ans, avec une pyramide des âges totalement inversée en 2013 et un indice de reproduction très faible, le plus faible des populations de bouquetins suivies en France.

Mesures prises par les services de l’État contre la propagation de la brucellose

Dans ces circonstances, afin de limiter les risques de propagation de la maladie, il a été décidé en septembre 2013 :

  • d’abattre les bouquetins du massif du Bargy dont la classe d’âge était la plus atteinte et la plus à même d’entretenir la maladie au sein de la population de bouquetins (animaux participant à la reproduction), c'est-à-dire les animaux de 5 ans et plus.
  • de poursuivre au printemps 2014 la capture et les analyses sérologiques d’une partie des animaux restants, afin d’évaluer la nouvelle prévalence de la maladie

233 bouquetins de 5 ans et plus ont été abattus en octobre 2013 dans ce cadre. Cette décision d’abattre les animaux les plus âgés a été prise dans un contexte où il n’existe pas de solution alternative satisfaisante. En effet, la vaccination des animaux n’est pas disponible et la détection de l’ensemble des animaux séropositifs est très difficile à mettre en œuvre en situation réelle.
Cette décision a été prise suite aux recommandation de l’avis de l’Anses du 4 septembre 2013 qui n’envisage que 2 solutions : l’abattage partiel des individus âgés (option retenue en octobre 2013) ou l’abattage total. Dans ses conclusions, elle confirme bien que ces actions d’abattage sont "les plus à même de réduire drastiquement" le risque de contamination.
Les prélèvements réalisés en 2014 montrent que la maladie n’a pas globalement progressé ni régressé sur l’ensemble de la population mais qu’elle s’est fortement aggravée chez les bouquetins de moins de 5 ans.

Mesures de dépistage renforcé de la brucellose pour les cheptels fréquentant les alpages du massif du Bargy

Comme suite à la découverte d'un réservoir de la maladie dans la faune sauvage du massif du Bargy, des mesures de surveillance renforcée de la brucellose ont été mises en place depuis 2013 puis reconduites par arrêtés successifs : arrêté préfectoral du 16 juillet 2014 , arrêté préfectoral du 2 octobre 2015 , arrêté préfectoral du 4 janvier 2018 . Tous les cheptels d'ovins, caprins et bovins fréquentant le secteur définit en sont concernés. Une note d'information à l'attention des éleveurs . précise les modalités du dépistage renforcé.
Le déplacement d'animaux des espèces sensibles (bovins, ovins et caprins) vers les alpages du Bargy comme vers l'ensemble des alpages de Haute-Savoie doivent être déclarés au groupement de défense sanitaire des Savoie (GDS) conformément à l' arrêté préfectoral du 2 avril 2013 .

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